Tendre vers une Agriculture Biologique de Conservation des sols avec désherbage au KVICK-FINN et semis au strip till
Eure-et-Loir
Prometteuse & en cours d'amélioration pour être maîtrisée
Agriculteur
Laurent Isambert
ISAMBERT Laurent
Atelier
Date de mise en place
2022-2023
mis à jour le 2 février 2024
Luzerne, Tournesol, Maïs grain, Orge de printemps, Couvert d'hiver, Trèfle pluriannuel, Couvert associé, Couvert permanent
Plusieurs parcelles , 16,2ha au total
Extirpateur KVICK-FINN et Strip till
Sol argilo-calcaire
Niveau de satisfaction: 3 / 3
Niveau de prise de risque: 2 / 3
Images
Objectifs
Désherber en travaillant superficiellement le sol Ne pas déstructurer le sol Avoir un sol couvert le plus longtemps possible Ne pas apporter d’azote extérieur
Description
Depuis 2018, je suis passé en Agriculture Biologique et je cherche actuellement à tendre vers l’Agriculture Biologique de Conservation des sols. Je mets donc en place des actions pour suivre les trois grands piliers de l'agriculture de conservation : 1) Je diversifie ma rotation de culture en cultivant des céréales, du maïs, des haricots secs, des lentilles, des féveroles et des légumineuses. 2) J'implante des couverts végétaux multi-espèces (féverole, trèfle d’Alexandrie, vesce commune (pas avant une culture de lentilles), phacélie, moutarde, sarrasin, radis fourrager…). 3) Je diminue au maximum le travail du sol : pour être compatible avec l'agriculture biologique, afin de détruire mes couverts sans herbicide et sans labour, j’ai investi dans du matériel agricole et notamment un extirpateur KVICK-FINN. Cet outil suédois, commercialisé en France par AGROSOIL, est composé de dents qui scalpent le sol à 3-4 cm de profondeur et d’un rotor qui projette en l’air la terre et les végétaux. La terre fine tombe en première ensuite il y a les végétaux qui vont se dessécher en surface. En général, deux à trois passages de KVICK-FINN sont nécessaires pour détruire un couvert ou désherber une parcelle. *Mise en pratique sur ma rotation luzerne – orge – tournesol Sur une parcelle de 9,5ha, à la suite de 3 ans de luzerne, j’ai utilisé le KVICK-FINN pour la destruction de la luzerne (passage en octobre du KVICK-FINN, un passage de déchaumeur à pattes d’oies au moment des gelées et deux passages de KVICK-FINN 3 semaines avant le prochain semi de culture) Une orge a été semée au printemps suivant. Après la récolte de l’orge, les chaumes, les repousses d’orge et les adventices (principalement du ray grass) ont été laissées dans le champ jusqu’au mois de décembre. Le 8 décembre 2022, la chaume et les repousses ont été broyées. La préparation du sol a été réalisée par 3 passages de KVICK-FINN entre le mois de février et le semi de tournesol (27 février, 18 avril, 2mai). Ensuite le 15 et 16 mai, je suis passé avec une herse étrille pour retirer les touffes de ray grass qui étaient en train de repiquer. Le 20 mai, le tournesol a été semé avec un strip till DURO et un semoir monograine à disque 12 rangs avec un inter rang de 50 cm. Pour finir, avant la levée de graines, j’ai réalisé un passage de houe-rotative puis de herse-étrille en diagonale. Après 3 passages irrigations (20mm + 30mm + 30mm), j’ai récolté le tournesol le 26 septembre. *Mise en pratique sur mon maïs Dans une parcelle de 6,7 hectares après un précédent blé, dans lequel un couvert de trèfle blanc avait été semé à la volé au mois de mars, j’ai choisi de semer pour la première fois du maïs en utilisant un strip till. Le trèfle a été détruit avec 3 passages de l’outil de désherbage mécanique KVICK-FINN : premier passage le 5 avril, deuxième passage le 12 avril et troisième passage le 3 mai. Moins de trois semaines après, le 20 mai, j’ai réalisé le semis de maïs enrobé avec un strip till DURO et un semoir monograine à disque 12 rangs avec un inter rang de 50 cm. L’enrobage des graines de maïs était constitué de AKRA Saat (Oligo-éléments de la société AGROSOIL). Du soufre élémentaire a été ajouté grâce à un micro-granuleur, afin d’acidifier autour des racines pour permettre une meilleure adsorption des éléments par la plante. Pour rappel, le sol de la parcelle est argilo-calcaire superficiel (10cm à 40cm). Ensuite, juste avant la levée des graines de maïs, un désherbage mécanique en diagonale a été réalisé avec un passage de houe suivi d'un de herse étrille. A savoir 6 passages de 30mm d’eau d’irrigation ont été réalisés sur la parcelle avec un enrouleur. Pour finir un binage a été réalisé le 26 juin et la récolte le 11 octobre. Pour mes deux cultures, tournesol et maïs, un cocktail d’oligoéléments, de bactéries et de ferments lactiques (société AGROSOIL, avec des produits AKRA) a été apporté le 17 juin et le 24 juin. Le but était de nourrir les plantes par les feuilles et de favoriser les synergies plantes/bactéries.
Résultats
Je suis très satisfait de l’utilisation du KVICK-FINN. Il répond à mes objectifs à savoir : travailler le sol superficiellement pour avoir un désherbage complet sans herbicide. J’arrive à détruire 100% de la végétation avec maximum 3 passages de KVICK-FINN. La consommation en carburant nécessaire pour 3 passages de KVICK-FINN est plus faible que celle utilisée pour un labour classique suivi d'une préparation de sol (reprise de labour) ce qui s'explique par le fait que l’outil travaille uniquement les premiers cm du sol. En revanche, cet outil doit être utilisé au moment opportun. Il faut que le sol ne soit pas trop sec pour que les dents puissent rentrer dans le sol, mais il ne faut pas trop d’humidité sinon les risques de repiquage augmentent (surtout pour les graminées). *Orge Dans la culture d’orge de printemps, j’ai eu une culture « propre » avec très peu de repousses de luzerne. Je suis doublement satisfait car j'ai un sol argilo-calcaire superficiel (sol allant de 10cm à 40cm de profondeur), j’ai obtenu 46 q/ha d’orge avec 10,5 % de protéines. *Tournesol J’ai obtenu un très bon rendement de tournesol soit 35 q/ha (meilleur que certains voisins en conventionnelle), alors que l’année d’avant j'avais réalisé 26 q/ha (sans strip till). Avec le recul, je considère que le premier passage de KVICK-FINN a été inutile car réalisé trop tôt. En effet, la pluie qui a suivi ce passage a permis au ray grass de se repiquer. Ensuite, le désherbage à bien fonctionné et la culture de tournesol était relativement « propre ». Je pense que le strip till a permis de limiter le travail du sol (par rapport à un labour) tout en apportant de l’oxygène. Au total, le sol est travaillé à 15 cm de profondeur par le strip till tous les 50 cm et à 4 cm de profondeur sur la totalité de la surface par le passage du désherbeur mécanique. Je pense continuer mes essais sur cette conduite culturale tournesol *Maïs Le rendement en maïs était de 96 q/ha de maïs grains sec, ce qui est très bien pour de l’agriculture biologique dans ma région. Puisque la culture précédente était du blé associé à du trèfle blanc (une légumineuse), je n’ai pas eu besoin de faire un apport d’azote (par compost ou fumier) dans la parcelle. Les seuls intrants sont le cocktail d’oligoéléments, de bactéries et de ferments lactiques et l’enrobage des graines ainsi que le soufre élémentaire. Après coup, je considère qu'il n'était peut être pas judicieux de répandre le soufre élémentaire à cette période car j’ai retrouvé les granulés très peu dégradés dans le sol au mois de septembre (aussi bien dans le tournesol que dans le maïs). Selon moi, l’apport de soufre est plus efficace sur des cultures d’hiver car il a d'avantage le temps de se dégrader dans le sol. L’utilisation du strip till a permis de limiter le travail du sol (par rapport à un labour) tout en conservant la structure du sol et en favorisant l'exploration du sol par les racines. Au total, tous les 50 cm par le strip till et à 4 cm de profondeur sur la totalité de la surface par le passage du désherbeur mécanique KVICK-FINN. La conduite culturale n’était pas encore optimale pour le maïs. En effet, le désherbage à l’aveugle réalisé avant la levée des plantules n’était pas une réussite dans les zones avec beaucoup de cailloux. J’ai remarqué que le passage en diagonale de la herse étrille et de la houe a recouvert le sillon avec des mottes de terres et des cailloux qui ont pénalisé la levée du maïs dans les zones caillouteuses. Je projette de recommencer cette conduite culturale avec quelques modifications pour cultiver du maïs. L’enjeu futur va être de réduire l’utilisation de l’irrigation. Aucune analyse n’a été réalisée pour déterminer les besoins exacts du sol. Ceci est prévu l’année prochaine pour adapter les apports au besoin réel.