Une exploitation 100 % en prairies permanentes multi espèces avec plantation de haies : une réponse aux enjeux climatiques et de biodiversité
Vendée
Prometteuse & en cours d'amélioration pour être maîtrisée
Atelier
Date de mise en place
Depuis 2020
mis à jour le 9 janvier 2024
Toutes les surfaces potentiellement adaptées à la mise en place de la pratique , 50ha au total
Sol argilo-limono sableux
Niveau de satisfaction: 3 / 3
Niveau de prise de risque: 2 / 3
Images
Objectifs
Gérer une exploitation agricole tout en améliorant la biodiversité Avoir de la biodiversité au sein de l'exploitation Ne pas abîmer les sols des prairies Réduire l’impact carbone de la ferme Gérer les eaux de ruissellement dans les fortes pentes Pomper l'eau du sol par les arbres pour l'apporter aux prairies Valoriser économiquement en bois de bûche et en paillage les haies
Description
Depuis mon installation en 2020, j’ai choisi de mettre l’exploitation en 100% prairies permanentes multi-espèces. Ainsi, j'ai semé 25 hectares de prairies avec du trèfle blanc, de la luzerne (sur les prairies les plus sèches), de la chicorée, de la fétuque élevée, du ray-grass anglais, du plantain, du dactyle et du pâturin. En cas de dégradation, un sursemis sera effectué pour préserver la prairie existante sans la détruire. Le choix des parcelles à pâturer dépend du type d'animal (vache nourrisse, génisse ou laitière). Les vaches laitières sont conduites dans les parcelles les plus proches de la salle de traite, ce qui facilite le déplacement des vaches lors de la traite en privilégiant les parcelles les plus riches (avec un maximum de ray-grass et de trèfles). J'évite autant que possible de les placer dans des parcelles contenant principalement de la fétuque et du dactyle, car ces dernières offrent une qualité nutritionnelle moindre. Par ailleurs, sur mon exploitation, je dispose actuellement de 170 mètres de haies par hectare. Bien que l’ensemble de ma SAU soit en prairies permanentes, l'excès de pluie entraîne un ruissellement du sol, ce qui amène directement l’eau vers le ruisseau. Afin de favoriser l'infiltration de l’eau sur mes terres et de maintenir une bonne qualité de l’eau du ruisseau, cette année, j'ai décidé de continuer à planter des haies sur des parcelles à forte pente. Au total, près de 2 km de haie ont été plantés et je prévois d’en planter d’autres l’année prochaines. Pour évaluer l’impact de mes changements de pratiques (voir le REX « Gérer ses prairies pour un pâturage en extérieur toute l’année») et de mes implantations, j'ai décidé d'entreprendre une évaluation du bilan carbone avec Cerfrance Vendée. Cette démarche vise à déterminer si mon système d'exploitation a un impact positif ou négatif sur les enjeux liés au réchauffement climatique et, plus spécifiquement, sur les émissions de carbone de l’exploitation. Des comptages d’espèces aquatiques du ruisseau traversant mon exploitation et des observations de l’infiltration et l’eau ont été menés par la fédération de pêche de Vendée par le biais de L’EPTB de la sèvre nantaise. Des pèches électriques ont été réalisées pour révéler ce qu’il y avait dans le cours d’eau en vue d’aménagement.
Résultats
Le semis de mes prairies en multi-espèces me permet de bénéficier d’une bonne complémentarité. Par exemple, la chicorée est une plante contraignante par sa croissance plus rapide que celle des graminées, mais son appétibilité et sa teneur en tanin (effet antiparasitaire) font d'elle une plante intéressante pour les vaches. Le plantain et le trèfle blanc se révèlent être deux plantes avantageuses pour combler les trous existants ou ceux occasionnés par les vaches lorsqu'elles arrachent des plantes. Le trèfle a également l'avantage d'être riche en azote. Du point de vue de la biodiversité aérienne, les haies servent de refuge à de nombreux oiseaux que j'ai pu observer. Selon le suivi de faune aquatique le ruisseau à 500m de mon exploitation abrite des truites sauvages et des écrevisses à pattes blanches témoignant d'une excellente qualité de l'eau. Des tests complémentaires (suivi et test ADN) sont en cours de réalisation pour voir si les écrevisses sont aussi présentent dans le cours d'eau qui traverse mon exploitation. Au niveau de la gestion des eaux de surface, l’eau est moins boueuse et se dirige moins rapidement vers le ruisseau, elle s'infiltre mieux dans le sol. J'ai observé que l'herbe à proximité des haies demeure généralement plus verdoyante que celle qui n'est pas en bordure de haies. J'en conclue que les arbres jouent un rôle essentiel en pompant de l'eau du sous-sol pour l'amener au niveau des arbustes et de l'herbe, contribuant ainsi à fournir un supplément d'eau aux prairies et que lors de périodes de forte chaleur, les haies libèrent de l'humidité en plus de fournir une protection mécanique (ombre et des brise-vents), ce qui rafraîchit l'air. Ainsi, grâce à la présence de haies, je gagne quelques semaines de pâturage supplémentaire. Je tire profit des haies en produisant du bois de chauffage en bûche et du paillage pour mes animaux. Par conséquent, l'entretien des haies me procure une valorisation économique. Le bilan carbone a estimé les émissions de carbone à partir des anciennes gestions de l'exploitation et à partir des pratiques agroécologiques que j'ai mises en place : mes aménagements et mes itinéraires techniques de gestion (voir le REX « Gérer ses prairies pour un pâturage en extérieur toute l’année») me permettent d'éviter l'émission de 640 tonnes de carbone sur les 5 prochaines années. L’ensemble de ces émissions de carbone évitées vont être achetées pour 32 euros la tonne par des entreprises. Cette démarche me permet de financer la poursuite de ma transition agroécologique au sein de mon exploitation. En conclusion, je suis très satisfait de mon exploitation en 100% prairie. Je trouve plus de satisfaction dans mon travail à déplacer les animaux de parcelle en parcelle plutôt qu'à conduire un tracteur toute la journée. Je suis également très satisfait d'avoir des haies entourant mes parcelles depuis mon installation. Je réfléchis actuellement à la mise en place d'un projet d'agroforesterie sur 5 hectares pour protéger, à plus large échelle, les prairies des températures extrêmes liées au dérèglement climatique qui devraient être de plus en plus fréquentes dans les années à venir. ------- Projet : Je tiens à préciser que le témoignage de bilan carbone a été réalisé en collaboration avec le réseau Cerfrance Vendée, qui m'a apporté son soutien dans l'élaboration de ce bilan.