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Couvert multi-espèce en vigne

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Marne

Maîtrisée & intégrée en routine à l'exploitation

Agriculteur

Baptiste et Gaël Dekeyne
SCEA VOGLONIERE scea Vogloniere Dekeyne &Fils

Atelier

Icône de l'atelier "Viticulture" Viticulture

Toutes les surfaces potentiellement adaptées à la mise en place de la pratique

Semoir à disque, rouleau faca, brosse inter-cep

Craie argile

Images

Objectifs

Ramener du carbone et de la vie dans les sols Éviter l’application de désherbant Avoir un vignoble autonome (juste avoir à semer et rouler le couvert) Réduire l’utilisation de phytosanitaires

Description

Domaine viticole de 5 ha situé dans le Sud de la Marne. A la reprise du domaine (2008) nous avons tout passé en enherbement en plein. Année après année la vigne devenait de moins en moins productive et de plus en plus chétive si bien qu’on a désherbé (en superficiel). Après des heures de formation en ligne, on a débuté les couverts végétaux en 2016. L’idée était de trouver un mélange utilisable sur les 5 ha et composé d'une diversité d'espèces (8-12) avec une majorité de céréales et le reste en légumineuses et crucifères. Toutes ont une fonction spécifique et ne poussent pas dans les mêmes conditions, elles se complémentent et s’équilibrent. Le mélange se compose d’avoine, seigle, féverole, pois, phacélie (lutte contre le court-noué), trèfle raboteux (ou incarnat), lupin, vesce commune, radis asiatique et sainfoin. J’achète les semences (bio) et je fais le mélange moi-même. Je mets environ 150 kg de graines à l’ha, avec 50-75 kg de céréales, 50 kg de légumineuses et le reste de crucifères. Je pense qu’il est préférable de semer assez dense et de commencer au départ avec plus de légumineuses puis d'augmenter petit à petit la part des céréales pour faire un maximum de paille et couvrir le sol dans la durée (mélange à C/N élevé). Les céréales augmentent la fertilité du sol via l’apport massif de carbone tant dis que les légumineuses sont source de fertilisation azotée. Je sème entre le 15 septembre et fin octobre suivant le temps qu'on arrive à consacrer, le mieux étant entre le 15 sept et le 15 octobre. J'utilise un semoir à disque inclinés qui ouvre le sillon sans tasser la terre, dans 1 rang sur 2 pour pouvoir travailler la vigne sans contrainte. J’ai aussi testé : semoir à la volée avec un binage avant (bon résultat), canadien à dent (attention au bourrage des dents avec la paille), disques devant canadien, disque droit (tasse la terre au fond du sillon, problème de lever). Il n'y a pas de méthode miracle, le plus important est de perturber le sol le moins possible. Je suis en train de concevoir un semoir à semis direct adapté à tous types de sol et à la présence de ray-grass et de paille. Le couvert est roulé avec un rouleau faca (fer-plat par-dessus) avant la 8ème feuille de la vigne. L’enjambeur me permet de passer aisément dans les rangs de vigne. Je peux aller jusqu’à 9 km/h. Le rouleau aplatit le couvert en cassant les tiges - d’où l’importance de choisir des espèces à tiges cassantes et de rouler au bon stade de croissance. Je laisse le paillage sécher puis je passe une brosse inter-cep à fleur de terre pour écraser et faire un nœud de sève sur ce qui reste (technique utilisée 2-3 fois par an pour désherber).

Résultats

Ce couvert fonctionne bien. Il peut monter très haut notamment pour l’avoine brésilienne (2,7m) et le seigle. Le paillage est épais (15-20 cm), il protège le sol des intempéries, nourri la biodiversité (micro-organismes, vers de terre,...), garde bien l’humidité et limite l’évaporation. Je n’ai pas de problème de tassement, l’oxygène circule bien mais il est consommé de plus en plus vite car il y a de plus en plus de vie dans mon sol. Il apporte environ 30 U d’azote (méthode MERCI). Pour la gestion du désherbage le tout est d’accepter d’avoir des vignes visuellement sales. Je n'ai pas de problème de repousse pendant 1 mois et demi post-roulage. Au départ il y avait beaucoup de concurrence, je faisais beaucoup de passage de brosse. Maintenant l’herbe est moins concurrentielle car les racines de la vigne vont en profondeur et le couvert couvre les inter-rangs. Pour l'améliorer, je cherche des plantes qui poussent vite au printemps pour concurrencer les adventices en sortie d’hiver (problème de brome) et maximiser la production de biomasse avant l’été. Il ne faut pas se démoraliser quand on a pas un beau couvert : mieux vaut avoir un couvert moins dense mais plus diversifié qui structure bien le sol avec différents systèmes racinaires. En quelques années, la structure du sol s’est vraiment améliorée : le couvert s’implante mieux, les racines pivotantes vont beaucoup plus en profondeur.