Passage en semis direct : exemple du colza
Côte-d'Or
Maîtrisée & intégrée en routine à l'exploitation
Agriculteur
Sylvain Degret
MONSIEUR SYLVAIN DEGRET
Atelier
Colza d'hiver, Blé dur, Blé tendre hiver, Orge d'hiver
Plusieurs parcelles
Semoir semis direct
Semoir semis direct Temps pour l'expérimentation
Argilo-calcaire très superficiel
Images
Objectifs
Evaluer les différences entre le semis direct et le travail du sol sur le moyen terme Réduire l'érosion et le travail de broyage des cailloux
Description
Pendant 10 ans, nous avons mené un essai avec 5 autres exploitations et avec l'appui de la chambre pour comparer le semis direct au travail du sol. Nous gardions systématiquement une bande travaillée à coté de la surface en semis direct. Ca a représenté un investissement en temps important car il fallait gérer une bande différemment à chaque fois. Depuis 2018 je sème toutes mes cultures, sauf exception, en semis direct sachant que j'ai des terres superficielles avec beaucoup de cailloux. Sur une rotation initiale classique (colza - blé - orge d’hiver/de printemps), j’ai intégré des pois et j’ai introduis des couverts avant les pois et l’orge de printemps puis petit a petit entre deux céréales. Aujourd'hui j'adapte ma rotation en fonction des années et des opportunités. Les cultures de printemps me permettent d'implanter des couverts d'intercultures longues pour mieux gérer les flores adventices et garder le sol couvert. Les cultures d'automne sont semées sous couvert. En semis direct il faut être plus vigilant au salissement (brome et vulpin résistants) car on ne fait pas de faux semis. La flore adventice change, il faut adapter les désherbages. Pour donner un exemple, j'implantais la culture de colza très tôt, début août derrière la moisson de blé. La première année j’ai broyé les pailles et je les ai laissées au sol. Les résidus n'étaient pas bien dégradés car peu d'activité biologique. Aujourd’hui la paille est ramassée pour un voisin éleveur mais l'idéal serait de tout laisser au sol pour augmenter la restitution de la biomasse, l’activité biologique étant plus développée aujourd'hui et donc plus efficace pour dégrader les résidus.
Résultats
Depuis que je suis en semis direct je n'ai plus besoin de broyer les cailloux et l'érosion a diminué, ce qui est important quand on a des terres peu profondes. Sur rotation complète les niveaux de rendements sont similaires : en blé c'est mieux en semis direct, par contre en colza et orge d'hiver c'est un peu moins bien. En colza j'ai eu des difficultés pour l'implantation car il y avait trop de paille. Avec un semoir à disque, la paille se remettait dans le sillon et empêchait la bonne levée de la graine. Les rendements étaient surtout impactés par la pression altise. J’ai testé pendant quelques années l’association avec d’autres plantes (tournesol, féverole, phacélie) mais malgré ça je ne suis pas arrivé à éradiquer les altises. J'ai arrêté le colza pour cette raison en 2020 (remplacé par tournesol). En cultures de printemps, le semis direct n’est pas facile car les terres ne se réchauffent pas vite, la culture met du temps à démarrer, il faudrait décaler les dates de semis. Nous avons fait des analyses de terre et des tests bêches avec l’INRAE. On observe une augmentation importante des vers de terre, de carabes et à l’inverse une diminution de certains micro-organismes, chose qu’on ne sait pas expliquer pour le moment. Financièrement, le semis direct me coûte un peu moins cher car on a moins de machines, par contre on dépense plus pour les couverts.