Transition en agriculture de conservation des sols (ACS) dans des terrains très caillouteux
Maîtrisée & intégrée en routine à l'exploitation
Agriculteur
Jean-Baptiste Rasillard
Jean-Baptiste Rasillard
Atelier
Date de mise en place
Depuis 2015
mis à jour le 18 décembre 2023
Lin fibre, Lin oléagineux, Pois fourrager, Tournesol, Blé dur, Blé tendre hiver, Colza d'hiver, Orge d'hiver, Sorgho fourrager
Toutes les surfaces potentiellement adaptées à la mise en place de la pratique
semoir à dent
Sol argilo sableux avec 30 à 40 % cailloux
Niveau de satisfaction: 3 / 3
Niveau de prise de risque: 2 / 3
Images

Objectifs
Diminuer le coût d’usure des machines Eviter la remontée des cailloux Augmenter la matière organique Eviter l’érosion des sols
Description
La transition vers l'agriculture de conservation des sols a été motivée, en grande partie, par un événement qui m'a beaucoup marqué : un important orage a eu lieu chez moi à l'automne 2013. Ce jour là, j’ai vu mes colzas être repoussés jusque dans le fossé illustrant la forte érosion de mon sol. Par ailleurs, la nature argilo-sableuse de mon sol, parsemé d'une grande quantité de petits silex tranchants (30 à 40 %), fragilise mon matériel agricole qui s’use rapidement. En 2014, j'ai opté pour le déchaumage, puis en 2015, j'ai franchi le pas vers le semis direct. Les conditions de mon exploitation nécessite de semer avec un semoir à dents, plutôt qu'un semoir classique à disque, afin d'éviter les rebonds sur les cailloux. Dans le but de minimiser l'utilisation d'herbicides et de diversifier au maximum mes cultures, ma rotation s'étale sur 8 ans et intègre des couverts végétaux multi-espèces, comprenant du trèfle, de la vesce, de la phacélie, du tournesol et de l'avoine pour les couverts longs. La rotation s'organise de la manière suivante : un blé suivi d'un colza, d'un orge, d'un mélange tournesol/pois, de couverts végétaux, d'un blé, de couverts végétaux ; au printemps suivant, j'implante un mélange tournesol ou sorgho, puis un blé, des couverts végétaux et du lin.
Résultats
Je suis extrêmement satisfait de l'adoption de l'agriculture de conservation des sols, et je n'ai aucune intention de retourner au labour. Mon ressenti est que le sol est en meilleure santé, avec une augmentation du nombre d'invertébrés comme les staphylins, les vers de terre, ainsi que le développement de champignons au sein des cultures. De plus, je suis particulièrement heureux d'avoir réussi à augmenter le taux de matière organique dans les sols, passant de 1 à 1,4 % en 2014 à 3 % aujourd'hui. Au-delà des chiffres, le sol a changé de couleur, il est devenu plus foncé. En ce qui concerne le rendement, j'ai constaté une baisse entre la troisième et la quatrième année de transition (50 qx/ha de blé, soit 15qx en moins). Actuellement, le rendement en quintaux de blé commence à retrouver les valeurs moyennes d'avant, oscillant entre 60 et 65 qx/ha. Du côté du matériel, je remarque une usure considérablement réduite ; il me suffit de changer les socs de semoir tous les deux ans, ce qui représente un entretien beaucoup moins coûteux que lorsque j'étais en agriculture conventionnelle. Cependant, cette transition en ACS prend du temps et comporte son lot d'erreurs. J'ai connu des échecs, notamment j'ai détruis mes couverts végétaux trop tôt dans la saison ce qui a entrainé un ameublissement du sol. Par conséquent lors du semis, j'abimais le sol (trop meuble). Aujourd'hui encore, je reconnais que je commets encore des erreurs et que chaque semis constitue un risque : l'agroécologie est un processus d'apprentissage constant.