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Une rotation diversifiée pour plus d'autonomie en intrants

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Seine-Maritime

Maîtrisée & intégrée en routine à l'exploitation

Agriculteur

Yann Matura
Yann Matura

Atelier

Plusieurs parcelles , 10ha au total

Herse étrille (travail superficiel), semoir

Aucun

Limons moyennement profonds

Images

© Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

Objectifs

Réduire l'utilisation de phytosanitaires Améliorer la fertilité et la santé des sols, stocker du carbone Diversifier la ration des vaches laitières et aller vers l'autonomie protéique

Description

Depuis plusieurs années je fais une rotation diversifiée afin d'être le plus autonome possible sur l'alimentation des vaches laitières et pour réduire l'utilisation d'intrants. Ma rotation type est : blé -> lin -> blé -> betterave -> blé -> dérobé maïs -> blé -> cultures fourragères (prairies temporaires ou luzerne, sur 3 ans en général). Entre chaque culture, je fais fais couverts en semis direct pour protéger et enrichir mes sols. Il s'agit de couverts multi-espèces (4-5) avec par exemple de l'avoine et de la phacélie avant le lin, un mélange d'avoine, phacélie, moutarde, trèfle incarnat, tournesol avant la betterave. La réussite des couverts dépend de l'implantation, des conditions météo et de la gestion du couvert. Le lin s'adapte aux petites terres et permet de traiter les problèmes de graminées (oléagineux). C'est une bonne tête d'assolement et un bon précédent pour le blé. Je laboure pas avant le lin. Par contre son semis nécessite un peu plus de soin que pour le blé. Les cultures fourragères tel que la luzerne me permettent de nettoyer mes parcelles et de nourrir le troupeau. Je les laisses en place pendant 3 ans, ce qui m'évite de travailler le sol et me permet de lutter naturellement contre le ray-grass et le vulpin. En juin 2020, j'ai réalisé une luzerne après méteil mais elle ne s'est pas bien développée en bord de parcelle (jaunissement feuille, pousse ralentie). J'ai réalisé un apport de bord foliaire pour y remédier. Il y a également eu des attaques du charançon de la luzerne, m'obligeant à appliquer un insecticide pour limiter les dégâts. Aujourd'hui j'utilise encore le labour mais je ne pratique quasiment plus aucun déchaumage. Cela me permet gérer le salissement de mes parcelles et de réduire mes charges. La compaction des sols et l'absence de matériel adapté m'empêchent pour l'instant de passer au non-labour. Avec le temps, j'arrive à diminuer l'utilisation des phytos et je ne fais plus appel à des régulateurs. J'ai par exemple réduis à 1 dose les fongicides contre 2,5 habituellement. J'applique également du purin d'ortie et de la consoude sur certaines cultures comme le blé (au stade 1er et 2ème nœud). Réaliser des profils et analyses de sol et connaître le niveau de compaction des parcelles sont des éléments clés pour anticiper ce type de problème. Le moteur de réussite principal est selon moi le taux de matière organique dans sol car il permet la résilience hydrique, des plantes, contribue à leur richesse en vitamines, en oligo-éléments, et leur permet de faire mieux résister aux maladies.

Résultats

Les résultats observés sont positifs : j'arrive à réduire progressivement les produits phytosanitaires tout en maintenant des rendements stables et dans la moyenne de mon secteur (87qt/ha en blé contre 80-85 en moyenne). Je ne suis pas encore autonome en intrant mais cette démarche, en phase avec mes valeurs, me permet d'avoir un moindre impact sur l'environnement et ma santé en plus de la sécurité financière (diversité de culture) et de l'économie de charges (réduction des phytos et du travail du sol). Avec plus de recul, je serais plus en capacité d'évaluer l'impact de ce système sur les sols et la gestion des maladies/ravageurs. Face au réchauffement climatique et aux enjeux de stockage de carbone, je souhaiterai maximiser encore plus la production de biomasse via une gestion plus intensive des couverts.